Emmanuelle HERMOUET, le retour de l’année
Victime d’une rupture des ligaments croisés en finale de Coupe de France en 2007, vous avez mis un an pour revenir.Comment cela s’est-il passé ?
Plutôt bien. Avec de la rééducation, beaucoup, car il en faut énormément pour revenir d’une telle blessure. Puis, j’ai repris les entraînements chez moi à La Rochelle. En fait, ce n’était pas vraiment une saison blanche car j’ai bossé toute l’année (Elle rigole).
Souvent la rééducation est dure à vivre car on n’est plus dans un groupe, on est seule ...
C’est vrai. Par rapport au milieu du basket, on est seule. Je peux compter sur les doigts d’une main les personnes qui m’ont appelée. Mais, de mon côté, j’étais bien entourée par ma famille et j’ai bénéficié du soutien qu’il me fallait.
Après un an de bagarre pour revenir au plus haut niveau, vous avez pris la décision de signer en NF1, à Toulouse. Pourquoi ce choix ?
Oui, je ne fais rien comme les autres. En fait, avant ma blessure, je devais partir pour Madrid, un beau challenge. Il fallait donc retrouver un challlenge pour me motiver et la LFB ne me proposait rien d’excitant. Toulouse, si. D’abord, c’est Valérie Garnier qui coachera et je la connais bien. Ensuite, l’objectif est clair : c’est la remontée immédiate.
On imagine pourtant qu’une joueuse de votre calibre, internationale, a dû avoir d’autres propositions ?
Bien sûr, en LFB, à l’étranger, mais ce challenge me correspond. Je vais toujours un peu à contre sens. (Emmanuelle est partie de Bordeaux pour l’Espagne en 2003 dans l’anonymat, elle y a joué deux saisons puis est revenue en 2005 à Valenciennnes avec le statut d’internationale, ndlr). Cela me plaît. Les moyens sont mis à Toulouse pour remonter, à nous de remplir l’objectif.
En attendant Toulouse, vous êtes déjà en prééparation, avec l’Équipe de France. C’était une surprise d’avoir été appelée ?
Un peu, oui. Mais, Pierre Vincent (coach de l’EdF) m’avait appelée pour prendre de mes nouvelles et je lui avais bien répété toute ma motivation. J’étais prête et il m’a demandé de venir.
Une grande marque de confiance ?
Oui, je vais essayer d’en être digne et d’apporter tout ce que je peux à cette équipe. Pour moi, il n’y a pas plus beau cadeau que de jouer sous ce maillot. Je lui (Pierre Vincent, ndlr) serai toujours reconnaissante de m’avoir permis de le reporter. C’était une grande émotion de pouvoir le remettre, même en amical (elle rit).
Un discours encore un peu à contre courant, après les multiples défections, tant chez les hommes que chez les femmes, pour honorer le maillot bleu ?
Je ne sais pas comment l’exprimer, mais pour moi c’est presque un devoir de venir lorsqu’on est appelé. Cela fait partie de moi, je ne pourrai jamais dire non, je serai toujours disponible pour ce maillot.
Ce groupe est un peu différent de ceux que vous avez connus. Vous faites figure, maintenant, d’« ancienne » ?
Et ça se passe très bien. Ce groupe est nouuveau, certes, mais il n’en est pas moins dynamique. Les jeunes sont de qualité et il y a de bonnes persspectives. Personnellement, je pense que les qualifs sont un bon moment pour lancer les jeunes, restructurer un groupe et je suis très contente de me trouver là.
Avec l’échec de l’Euro 2007, que vous n’avez pas fait, la non qualification pour les J.O., dans quel état avez-vous retrouvé le groupe France ?
Ce n’est pas évident. On voit qu’il y a eu un gros traumatisme. Pour ceux qui l’ont vécu de l’extérieur et qui ne pouvait rien faire. Pour ceux qui l’ont vécu de l’intérieur également. Pierre Vinncent a fait en sorte que l’on puisse repartir sur des nouvelles bases. Cet échec fera partie de l’histoire de l’Équipe de France, comme le titre de chammpionne d’Europe, mais aucune expérience ne doit être négative. J’ai le sentiment qu’une nouvelle ère s’installe.
En tout cas, deux victoires contre la Turquie, trois victoires contre l’Allemagne, c’est un bon départ ?
Oui, oui. Mais ce ne sont que des matches amicaux.
De votre côté, vous avez vite retrouvé les automatismes, avec une vingtaine de minuutes et une dizaine de points par match ?
Preuve que mon année n’a pas été une année sabbatique (elle rit). En tant que « taulière », Pierre Vincent vous a·t·i1 attribué un rôle particulier ?
Non. Nous n’avons pas encore eu de dialoogue sur ce sujet. De toute façon, nous sommes toutes sur le même pied d’égalité. Pour moi, j’ai pu constater que j’ai bien tenu le coup lors de la préparation physique et que je suis là physiquement. Tactiquement, dans le jeu, les discussions viendront plus tard.
Dans le contexte morose du basket français, avez-vous conscience que la qualification est impérative pour l’Euro 2009 ?
Bien entendu ! De toute façon, lorsque l’on est sportif de haut niveau, l’objectif est d’aller le plus haut possible, le reste est un échec. En plus, c’est un beau challenge pour ce nouveau groupe. Cela ne va pas être facile, mais à l’heure actuelle, l’état d’esprit est irréprochable.
(BasketNews N° 406 du 31 juillet 2008)